Rupture conventionnelle : la
procédure
La rupture conventionnelle, régie par
les articles L. 1237-11 et suivants du Code du travail, est un dispositif qui
permet à l’employeur et au salarié de convenir d’un commun accord des
conditions de la rupture du contrat de travail.
Du point de vue du salarié, le
principal intérêt de la rupture conventionnelle réside dans le fait qu’elle
ouvre droit au bénéfice de l’assurance-chômage.
Du point de vue de l’employeur, c’est
l’absence de motif à invoquer au soutien de la rupture qui présente le
principal intérêt.
1. Champ d’application
La rupture conventionnelle ne concerne
que le contrat de travail à durée indéterminée. Par conséquent, il n’est pas
possible de recourir à ce dispositif pour rompre un contrat de travail à durée
déterminée.
La rupture conventionnelle peut être
conclue avec un salarié dont le contrat de travail est suspendu et qui ne
bénéficie d’aucune protection particulière à ce titre (ex. : congé
parental d’éducation, congé pour création d’entreprise, etc.).
En revanche, l’employeur ne peut pas
signer une rupture conventionnelle chaque fois que le salarié bénéficie d’un
régime de protection particulier, comme un congé maternité, un arrêt de travail
imputable à un accident du travail ou une maladie professionnelle, etc.
La rupture conventionnelle du contrat
de travail du salarié protégé (délégué du personnel, membre du comité
d’entreprise, délégué syndical), est soumise à l’autorisation préalable de
l’inspecteur du travail et non à l’homologation du directeur départemental du
travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP).
2. Contexte amiable
La rupture conventionnelle ne doit pas
intervenir dans un contexte litigieux.
En effet, il ne s’agit pas d’une
transaction, et le salarié dispose d’ailleurs d’un délai d’un an, à compter de
la date d’homologation de la convention, pour former un recours contre cette
dernière, devant le conseil de prud’hommes.
Il en résulte qu’une rupture
conventionnelle homologuée par le DDTEFP peut néanmoins être remise en cause
par le conseil de prud’hommes.
De la même manière, l’employeur ne
doit pas utiliser la rupture conventionnelle pour éluder les règles relatives
au licenciement économique, qui offre des garanties spécifiques aux salariés.
3. Entretien(s) préalable(s)
Le principe et les modalités de la
rupture conventionnelle se définissent lors d’un ou plusieurs entretien(s), au
cours duquel/desquels le salarié peut se faire assister par une personne de son
choix appartenant au personnel de l’entreprise, quand celle-ci est pourvue de
délégués du personnel ou d’un comité d’entreprise.
En l’absence de représentants du
personnel, le salarié peut se faire assister par un conseiller du salarié,
comme en matière de licenciement.
Si le salarié choisit de se faire
assister, l’employeur a lui-même la possibilité de se faire assister par un
membre du personnel ou, dans les entreprises de moins de 50 salariés, par une
personne appartenant à son syndicat ou par un autre employeur relevant de la
même branche.
Il n’est pas nécessaire de formaliser
les entretiens ; en particulier, l’employeur n’a pas à convoquer le
salarié, et il n’y a pas de compte-rendu d’entretien à établir.
4. Contenu de la convention
La convention définit les conditions
de la rupture du contrat de travail, et notamment le montant de
« l’indemnité spécifique de rupture conventionnelle » versée au
salarié (voir § 5).
La rupture conventionnelle doit
obligatoirement être matérialisée sur un formulaire administratif-type, mais il
est conseillé d’établir en outre une convention distincte, afin de régler les
conséquences de la rupture du contrat de travail : droit individuel à la
formation, portabilité de la prévoyance, clause de non-concurrence, etc.
En tout état de cause, la convention
doit fixer la date de rupture du contrat de travail, qui ne peut intervenir
avant le lendemain du jour de l’homologation de la convention par
l’administration, mais qui peut être postérieure.
Sauf accord express des parties, le
contrat de travail continue de s’exécuter normalement pendant tout le temps que
dure la procédure d’élaboration et d’homologation de la convention, et jusqu’à
la date fixée pour sa rupture.
Il est cependant possible de convenir
d’une dispense d’activité (payée) pendant le temps de la procédure.
5. Indemnité spécifique de
rupture conventionnelle
À l’occasion de la rupture
conventionnelle, le salarié doit percevoir une « indemnité spécifique de
rupture conventionnelle. »
Son montant ne peut être inférieur au
montant de l’indemnité légale de licenciement, ou de l’indemnité
conventionnelle, si cette dernière est plus favorable au salarié.
S’agissant des règles d’exonération de
l’indemnité spécifique de rupture conventionnelle, il convient de distinguer
deux situations :
* Lorsque le salarié n’est pas en
droit de bénéficier d’une pension de retraite d’un régime obligatoire :
L’indemnité bénéficie du même régime
social que l’indemnité de licenciement, et elle est donc exonérée dans la
limite suivante :
Soit deux fois le montant
de la rémunération annuelle brute perçue par le salarié au cours de l’année
civile précédant la rupture du contrat de travail ou 50 % du montant de
l’indemnité si ce seuil est supérieur, dans la limite de six fois le plafond
annuel de la sécurité sociale en vigueur à la date du versement des indemnités.
Soit le montant de
l’indemnité de licenciement prévue par la convention collective, l’accord
professionnel ou interprofessionnel ou, à défaut, la loi.
L’indemnité est également exonérée de
CSG et de CRDS dans la limite du montant de l’indemnité de licenciement prévu
par la convention collective, l’accord professionnel ou interprofessionnel, ou
la loi.
* Lorsque le salarié est en droit de
bénéficier d’une pension de retraite d’un régime légalement obligatoire :
L’indemnité de rupture conventionnelle
est soumise dès le premier euro aux cotisations et contributions sociales
(après application d’un abattement de 3% pour la CSG/CRDS).
6. Délai de rétractation
A compter de la date de signature de
la convention par l’employeur et le salarié, chaque partie dispose d’un délai
de 15 jours calendaires pour exercer ce droit de rétractation.
En cas d’exercice de la faculté de
rétractation, la rupture conventionnelle est sans objet et le contrat de
travail se poursuit normalement.
7. Homologation
À l’issue du délai de rétractation, la
partie la plus diligente adresse une demande d’homologation au DDTEFP,
comprenant un exemplaire du formulaire administratif-type et un exemplaire de
la convention de rupture.
Le DDTEFP dispose d’un délai
d’instruction de 15 jours ouvrables, à compter de la réception de la demande,
pour s’assurer du respect de la liberté de consentement des parties et des
conditions prévues par les textes : respect des règles relatives à
l’assistance des parties, au droit de rétractation, au montant minimal de
l’indemnité spécifique de rupture conventionnelle, etc.
A défaut de notification dans ce
délai, l’homologation est réputée acquise (homologation « tacite »).
Si l’homologation est refusée dans le
délai de 15 jours ouvrables, les parties restent liées par le contrat de
travail, qui doit continuer de s’exécuter dans les conditions habituelles.
8. Fin du contrat
En cas d’homologation expresse ou
tacite, le contrat de travail est rompu. La date de rupture du contrat se situe
au plus tôt le lendemain de l’homologation, mais peut être postérieure, si les
parties en ont décidé ainsi (voir § 4).
A l’issue du contrat, l’employeur doit
remettre au salarié un certificat de travail, un exemplaire de l’attestation
Pôle emploi, et son solde de tout compte.
Xavier Berjot
Avocat à la Cour
Droit du Travail / Gestion des Ressources Humaines
www.xavierberjotavocat.com
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