En quête de crédibilité, les agents de recherches privées délaissent les secrets d'alcôve pour se concentrer sur l'univers de l'entreprise.
Le sempiternel cliché du détective a la peau dure. Dans sa version polar, on le campe volontiers en fugace personnage de la nuit qui trimbale son imper mastic dans les bars d'hôtel où il sirote un whisky en solo. Mi-enjôleur et mi-magouilleur, ce héros dissimule son visage sous un inséparable feutre mou et ne se départit jamais d'une secrétaire courte vêtue et accorte. Dans une mouture plus nauséabonde, le «privé» apparaît comme un âpre «ripou» qui viole sans vergogne la vie privée, pirate les fichiers de la police, joue les «gros bras», multiplie les coups tordus et cambriole à la commande pour une poignée de billets.
Ulcérés de traîner ces préjugés écornant leur image, les quelque 1 500 détectives français sont en quête de crédibilité. Soucieux de redorer leur blason, ils vont sortir de l'ombre pour montrer leur nouveau visage à l'occasion des États généraux de l'enquête privée qui se tient demain à Paris. «Contrairement aux idées reçues dans le subconscient du grand public, les enquêteurs n'ont pas de carte professionnelle ni permis de port d'armes, remarque d'emblée Jean-Emmanuel Derny, patron de Roche Investigation et secrétaire général du Syndicat national des agents de recherches privées (Snarp) revendiquant une centaine d'adh érents en France et 3 000 en Europe. Ils n'ont ni gyrophare et encore moins de plaques numérologiques spéciales, comme certains pseudo-confrères l'avaient demandé au ministère de l'Intérieur.» Il est vrai que le privé abuse peu du postiche et goûte modérément aux gadgets chers à Ian Fleming. Sa panoplie se résume à une voiture de modeste cylindrée, Internet, des jumelles de préférence infrarouges et un appareil photo numérique qui relègue aux oubliettes la loupe de ce bon vieux Sherlock Holmes.
Lire la suite de l'article du Figaro du 5 mars 2009
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